lundi 8 décembre 2008

I Like America and America Likes Me (mai 1974) Beuys

Beuys combat la rationalisation de l'existence humaine opérée par l'emprise marchand, capitaliste, du monde. Il réintroduit la composante animale, sous les figures du lièvre mort ou du coyote vivant, dans une pratique scénique où l'artiste joue les rôles conjoints de bateleur, d'éveilleur de conscience, de chaman, et de philosophe cynique. Coyote, I Like America and America Likes Me (mai 1974), excécutée à New-York ressuscite la figure de l'animal sauvage et de l'indien, seuls habitants légitimes de la terre américaine, à travers ce qui paraît à l'évidence une épreuve initiatique : isolement, enfermement, face à face avec l'animalité incontrôlée, apprivoisement mutuel où l'homme se dépouille de tout sentiment de supériorité tout en se gardant d'être submergé, détruit ou agressé par l'animal. La rencontre avec le coyote se déroule en un lieu clos, espace dévolu à l'exposition de l'art, où les signes propres au capitalisme industriel servent de litière à l'animal : le discours du capitalisme, celui du Wall street journal - en fait, la litanie d'une économie virtualisée, celle des cours de bourse - devient le réceptacle des déchets animaux. Le travail produit la valeur, en même temps que le déchet, organique ou inorganique, et le verbe qui signifie cette valeur - et qui peut comprendre aussi bien la monnaie (signe pur) que le discours qui l'entoure - est en fait l'expression dans le champ du logos de la dépense énergétique, vitale, organique et matérielle nécessaire à la transformation - information pourra-t-on dire - technique et industrielle du monde.

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